
Certaines chambres d’hôtel laissent des souvenirs inattendus.
Celles où l’on se retrouve propulsé au milieu de la nuit parce qu’une panne technique, qui restera à jamais mystérieuse et inexpliquée, a scotché un avion au sol, et dans laquelle on passe quelques heures de mauvais sommeil pendant que des techniciens s’affairent.
Celles que l’on avait mal calculées, les erreurs de casting, motels avec vue sur le parking, auberges aux escaliers grinçants, bonbonnières débordantes de coussins et de pots-pourris, escales aux photos trompeuses et aux néons blafards. Celles, aussi, qui sont de bonnes surprises, toutes simples, mais où l’on se sent tout de suite bien.
Celles où l’on a trouvé les bestioles les plus étranges – une grenouille sur un pommeau de douche fait partie des bons souvenirs.
Celles où l’on se surprend à fredonner du Bernard Laviliers : « Les pales du ventilateur coupent tranche à tranche l’air épais comme du manioc / Y’a guère que les moustiques pour m’aimer de la sorte / et leurs baisers sanglants m’empêchent de dormir »…
Celles – minables – dans lesquelles on se retrouve faute de mieux ; ou au contraire qui sont bien trop luxueuses et trop chères – des dorures et des tentures, vraiment ? – , mais dans un cas comme dans l’autre, il n’y avait que ça.
Dans cet hôtel de Medulin, en Croatie (photo), j’avais passé quelques heures avant de prendre un avion pour Paris, prévu à 5h55, rendu hagard par plusieurs journées d’une pluie qui continuait à rider avec un zèle inlassable le bleu de la piscine. Un documentaire sur les ours du Spitzberg passait sur une chaîne de TV allemande.