Piments ©Olivier Cirendini

J’ai appris à me méfier des plats de fête.

Non que je sois d’un naturel méfiant, mais il faut se rendre à l’évidence : certains endroits de cette jolie planète, où l’on cuisine toute l’année des plats délicats, relevés d’épices, saupoudrés d’herbes champêtres et autres bienfaits locaux, qui font saliver le voyageur par anticipation, concoctent pour les « grandes occasions » des plats dits « de fête ».

Il faut avoir été honoré de quelques douceurs régionales pour trouver à ces lignes leur juste saveur : la tête de mouton à la mode de Norvège ou d’ailleurs, le lait de jument fermenté mongol, ou encore le ræst des îles Féroé – terme désignant des viandes et poissons vieillis et fermentés dont le hákarl, requin fermenté islandais, est le paroxysme. Dans certains pays d’Asie, on vous fera l’offrande d’un durian (Durio zibethinus), fruit tropical à la saveur inimitable selon les connaisseurs, et dont le prix au kilo atteint en conséquence des sommets, mais dont l’odeur est jugée si pestilentielle par la majorité qu’il est souvent interdit dans les transports en commun (c’est dire). Sans aller si loin, dans notre beau pays de gastronomie, on vous sortira « pour vous faire plaisir » un pâté de ragondin (oui, oui), des cuisses de grenouille, un tablier de sapeur ou un époisses « de derrière les fagots » – terme qui peut autant être synonyme de grand bonheur que de danger imminent.

On me répondra que tous les goûts sont dans la nature. C’est vrai. Mais il est tout aussi vrai que de telles saveurs, si elles ont leurs adeptes ravis et enthousiastes, ne mettent pas tous les palais à la fête (et qu’il est plus facile d’apprécier spontanément de haggis si on est né dans les Cairngorms). Bref. Pour les fêtes, restons simples. Allez, je reprendrais bien un peu de glögg !

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